Commençons par la définition de la paréidolie auditive (selon Wikipédia) :
"un phénomène psychologique, impliquant un stimulus (visuel ou auditif) vague et indéterminé, plus ou moins perçu comme reconnaissable.
Ce phénomène consiste, par exemple, à identifier une forme familière dans un paysage, un nuage, de la fumée ou encore une tache d'encre, mais tout aussi bien une voix humaine dans un bruit, ou des paroles (généralement dans sa langue) dans une chanson dont on ne comprend pas les paroles."
On peut citer l'exemple bien connu de cette musique que le film La Haine a fait connaître aux français en 1995. On pense alors entendre "assassin de la police", ce qui pourrait clairement trouver une résonance au vu du thème du film, alors qu'il s'agit en fait de "that's the sound of da police".
L'esprit humain cherche toujours une signification à ce qu'il ne comprend pas, que ce soit un stimulus visuel ou auditif. Et cela va même jusqu'à inventer des paroles, ce qui nous est tous arrivé avec des musiques en anglais. Les exemples sont nombreux sur Internet.
Cela fait appel à une autre notion, que l'on peut rencontrer lors du montage son d'un film.
Je me souviens d'un montage son pour un court-métrage que j'ai fait il y a une dizaine d'années où il fallait un son de cigarette qui se consume, l'image étant un acteur qui fume en gros plan.
En attendant de trouver ce son que je n'avais pas dans ma sonothèque, j'avais placé grossièrement un craquement de branche d'arbre assez léger pour ne pas oublier de trouver le son adéquat plus tard.
Mais évidemment, j'ai oublié, et à force de l'entendre, cette branche est devenue la cigarette, et le réalisateur ne s'en est pas rendu compte.
Le temps est passé, et je n'y ai repensé qu'un peu trop tard... puisque cet oubli m'est revenu au début de la projection dans un cinéma parisien !
Je me suis senti très gêné, persuadé que sur la supercherie ne fonctionnerait vraiment pas du tout sur des enceintes puissantes dans cette salle remplie d'une centaine de personnes au bas mot.
Et pourtant, personne ne s'en est rendu compte ! Je l'ai avoué au réal après la projection mais il n'avait rein "entendu" non plus.
Il ne s'agit pas réellement d'une hallucination auditive à proprement parler, mais le fait de voir un acteur fumer en gros plan, on s'attend plus à avoir un son de cigarette qui se consume plutôt qu'un de branche qui se casse, et donc la centaine de cerveaux présents a interprété ce son comme étant celui qu'ils attendaient !
Cela m'a beaucoup fait réfléchir. Tout d'abord sur ma façon de travailler :) L'utilisation de couleurs par exemple pour des sons dits temporaires.
Mais cela m'a aussi fait découvrir ce potentiel de tricherie que le cerveau est prêt à encaisser.
On peut aller un peu plus loin avec cette idée de mélanger des sons afin de rajouter discrètement un message sur une autre action. Sur ce même film, j'avais par exemple intégrer des pleurs de nourrisson sur le son de l'ascenseur qui craque, mais cela avait un sens par rapport au scénario et pouvait aiguiller le spectateur quant à la suite et l'objet même de la quête du personnage à ce moment là. Les craquements de l'ascenseur avaient été ajoutés pour créer une certaine tension justement, mais pourquoi cette tension ? Les pleurs donnaient l'indice.